
Cranberry
Bienfaits et propriétés
La canneberge (Vaccinium macrocarpon) appartient à la famille des Éricacées. C’est une petite baie rouge provenant d’Amérique du Nord appelée cranberry par les anglophones et canneberge par les francophones. Elle est particulièrement reconnue pour ses bienfaits sur la santé, notamment dans la prévention des infections urinaires.
Sommaire
- Le cranberry ou la canneberge
- Le cranberry : bienfaits et allégations
- Mécanisme physiologique des infections urinaires ou cystites bactériennes
- Bienfaits du cranberry et infections urinaires (cystites)
- Comment les bactéries E. coli adhèrent-elles à la paroi de la vessie ?
- Le PACRAN®
- Sécurité d’emploi du cranberry
Le cranberry ou la canneberge
La canneberge est cultivée depuis le début du 19e siècle, principalement aux États-Unis et au Canada, où elle est traditionnellement utilisée par les Amérindiens dans des préparations culinaires, mais également médicinales pour aider à soigner les blessures, prévenir les infections urinaires, soigner les troubles digestifs, du foie des reins et du sang.
Avec le développement des antibiotiques, son usage dans le domaine des infections urinaires a été délaissé. Mais dans les années 1960, les propriétés et bienfaits de la canneberge ont fait l’objet d’un intérêt croissant.
Le cranberry : bienfaits et allégations
Entre 2003 et 2008, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a évalué divers produits à base de canneberge revendiquant de nombreuses allégations évoquant un lien entre consommation de canneberge et la prévention des infections urinaires. Elle a considéré comme acceptable en 2003 l’allégation « contribue à diminuer la fixation de certaines bactéries E. coli sur les parois des voies urinaires » sur la base d’études réalisées avec plusieurs produits à base de canneberge apportant 36 mg de proanthocyanidines (PAC) (1).
Mécanisme physiologique des infections urinaires ou cystites bactériennes
La cystite est une inflammation de la vessie, causée dans la majorité des cas par une infection bactérienne. L’infection est caractérisée par la présence de germes en concentration anormale dans les voies urinaires.
Ces dernières sont toujours colonisées du bas vers le haut, soit de l’urètre jusqu’au rein, mais dans le cas de la cystite, l’infection s’arrête généralement à la vessie. Lorsqu’elle atteint le rein, il s’agit d’une pyélonéphrite, qui est une urgence médicale.
Les germes responsables sont Escherichia coli dans plus de 80% des cas. Ces bactéries vont se fixer et proliférer au niveau de la paroi de la vessie où elles provoquent une destruction des tissus et une réaction inflammatoire douloureuse, avec pour symptômes :
- un besoin fréquent d’uriner,
- des douleurs en urinant,
- des douleurs pelviennes
- des urines troubles.
Du fait de leur urètre plus court, les femmes sont plus souvent concernées que les hommes. Les bactéries E. coli d’origine intestinale (et donc se retrouvant dans les selles), peuvent remonter facilement jusqu’à la vessie et provoquer une auto-infection. La transmission sexuelle de la bactérie est également une voie d’infection courante.
Le diagnostic d’une infection urinaire / cystite repose sur :
- Une bandelette urinaire qui révèle la présence de leucocytes (globules blancs jouant un rôle essentiel dans les défenses immunitaires) témoignant d’une infection.
- Un ECBU (Examen Cytobactériologique des Urines) qui détecte la présence de bactéries pathogènes.
Un antibiogramme permet ensuite au professionnel de santé de déterminer l’antibiotique le plus efficace pour traiter la cystite.
En raison de la fréquence élevée des cystites (60% des femmes feront au moins une cystite dans leur vie) et des récidives (20 à 30% des femmes récidiveront dans les 4 à 6 mois, et parmi elles, 25 à 35% auront une histoire d’infections récidivantes : à partir de 4 infections par an), les autorités de santé recommandent de se tourner vers des alternatives autres que les antibiotiques (1), car en cas de prises répétées ils favorisent la résistance de la bactérie.
Bienfaits du cranberry et infections urinaires (cystites)
De nombreuses données in vitro montrent que la consommation de canneberge a un effet anti-adhésion des bactéries contenues dans l’urine sur des cellules de la paroi urinaire (1).
Le Cranberry est composé d’acides organiques, de fructose, d’un taux élevé en vitamine C, de flavonoïdes, d’anthocyanidines, de catéchines, de triterpénoïdes et d’un peu de D-mannose.
Parmi ces composants, ce sont principalement les proanthocyanidines (PAC) qui sont à l’origine de l’activité d’anti-adhérence des souches d’Escherichia coli sur les cellules urothéliales. Les anthocyanidines et proanthocyanidines (PAC) sont des tannins (polyphénols)
que l’on trouve uniquement dans les baies de l’espèce Vaccinum. Ce sont des agents naturels de défense de la plante contre les microbes.
Comment les bactéries E. coli adhèrent-elles à la paroi de la vessie ?
Les E. coli colonisent la vessie grâce à des protéines « adhésines » présentes à l’extrémité des leurs « pili », appelés également « fimbriae », sorte de petites pattes qui leur permettent de s’accrocher à la paroi vésicale, de limiter leur élimination lors de la miction et de favoriser leur remontée dans l’urètre.
Ces adhésines sont de nature protéique et se lient à des récepteurs spécifiques à la surface des cellules urothéliales.
Il existe différents types de pili, dont :
- Des pili de type 1, qui sont sensibles au mannose (dits mannose- sensibles car ils s’accrochent aux molécules de mannose, un sucre simple, présent sur la paroi vésicale) et au fructose.
- Des pili mannose-résistants appelés p-fimbriae et ciblés par les PAC présents dans les cranberry.
L’hypothèse actuelle est que le Cranberry agit principalement en empêchant l’adhésion des pili de type 1 et des « p-fimbriae ».
Sans adhésion, la bactérie ne peut pas coloniser les surfaces et est éliminée lors de la miction (le fait d’uriner).
Cet effet anti-adhésion est lié à trois actifs : le fructose et le mannose pour les pili de type 1 et les PAC pour les p-fimbriae.
La plupart des études sur les extraits de Cranberry standardisés en PACs ont testé leurs bienfaits sur la prévention des récurrences de cystite.
Le Cranberry n’a pas un effet bactéricide, ce qui signifie qu’il ne tue pas les bactéries ni n’influence leur métabolisme. Il agit uniquement de façon mécanique en s’accrochant aux fimbriae et en empêchant leur adhésion.
Le PACRAN®
Le PACRAN® est un ingrédient breveté concentré du fruit de cranberry provenant d’Amérique du Nord, ayant fait l’objet d’études cliniques.
La supplémentation en PACRAN® exerce une activité anti-adhésion bactérienne prolongée sur plus de 24 heures, contre une dizaine d’heures seulement (étude ex-vivo) pour un extrait standard de jus de Cranberry (2).
Dans une autre étude, une prise quotidienne de PACRAN® a aidé à réduire à 90 jours le taux urinaire d’E. coli, avec une réduction de 36% des inconforts urinaires (3).
Cette autre étude clinique menée chez 176 femmes sexuellement actives indique qu’une supplémentation (500mg/j de PACRAN®) a réduit de 58% le risque de récidives de cystite à 6 mois (4).
De nombreux travaux ont été menés sur les effets et le mode d’action anti-adhésion bactérienne de la canneberge, utilisant une grande diversité de modèles et de protocoles.
Tous confirment son mode d’action anti-adhésion des bactéries E. coli à la muqueuse de la vessie, liée à la présence de PAC.
L’utilisation d’extraits de canneberge riches en PACs dans les compléments alimentaires vise à exploiter cette propriété antiadhésive afin de prévenir les inconforts urinaires.
Sécurité d’emploi du cranberry
Les études portant sur la sécurité des compléments alimentaires contenant plusieurs centaines de milligrammes par jour d’extrait de jus de canneberge durant plusieurs semaines concluent à l’absence d’effets néfastes. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a précisé qu’ « en l’état actuel des connaissances, la consommation de canneberge ne présente pas de risque pour la population générale » (1).
Nos compléments alimentaires contenant cet actif : cranberry
Bibliographie
(1) Anses, Avis relatif à l’évaluation des effets potentiels de la canneberge dans le champ des infections urinaires communautaires, Saisine n°2010-SA-0214, 18 mars 2011.
(2) Howell A. et al., Bacterial Anti‐adhesion Activity of Human Urine Following 27%Cranberry Juice Cocktail vs. Pacran Capsule Consumption, 2009.
(3) Sengupta K et al., A Randomized, Double Blind, Controlled, Dose Dependent Clinical Trial to Evaluate the Efficacy of a Proanthocyanidin Standardized Whole Cranberry (Vaccinium macrocarpon) Powder on Infections of the Urinary Tract, Current Bioactive Compounds, 2011, 7(1):39-46.
(4) Fromentin E et al., A randomized, double-blind, placebo-controlled clinical trial to investigate the efficacy of cranberry fruit powder (Pacran®) in the prevention of recurrent urinary tract infection in women, The FASEB Journal, 2014, 28(1):639.4.